La semaine dernière nous vous présentions les résultats de notre étude sur le statut du Marketing d'Influence, dans laquelle nous interrogeons plus de 600 professionnels de la Communication et du Marketing mais aussi 4 influenceurs reconnus dans leur secteur. Nous vous proposons aujourd'hui de découvrir l'interview complète de lun d'entre eux, Olivier Cimelière, auteur du blog du communicant 2.0, expert de la communication corporate.
On parle beaucoup d’influenceurs aujourd’hui mais quelle est selon vous la définition d’un influenceur ?
C’est vrai qu’influenceur c’est un peu le buzzword depuis l’avènement des réseaux sociaux. Si je devais donner une définition d’un influenceur, je dirais que c’est un individu qui par ses idées, ses contenus, ses actions fait bouger les lignes, les opinions et réussit à influencer d’autres acteurs sur un sujet/ un domaine donné. Il est souvent au carrefour des innovations et exerce un pouvoir sur une communauté (petite ou grande).
Existe-t-il un profil type d’influenceur ?
La capacité d’influence est selon moi en train de se déplacer : avant intervenir sur les médias traditionnels, le fait de publier un livre, un rapport ou d’exercer un pouvoir politique, économique ou moral (plusieurs philosophes sont en effet de vrais influenceurs) représentaient l’influence. Aujourd’hui, le spectre est élargi : chacun peut prendre la parole via un blog ou des réseaux sociaux et se positionner comme expert sur un sujet. Je fais un aparté sur le blog, qui est à mon sens un bon outil mais ce n’est pas le passage obligé : certaines personnes font une très bonne curation de contenus, arrivent à faire vivre une communauté sur les réseaux sociaux et sont en ce sens influents. Il n’y a alors pas de profil type mais le besoin d’avoir une expertise sur un sujet, un domaine donné est indispensable pour prétendre être influenceur.
Attention aux outils quantitatifs type Klout etc. La prime au max de tweets ou de connexions ne reflète en rien l’influence. Le fait d’utiliser l’anglais comme langue privilégiée, ce qui est souvent le cas, diminue l’impact des autres langues et introduit une distorsion en termes d’influence.
Vous considérez-vous vous-même comme un influenceur ?
J’ai réussi aujourd’hui à atteindre une certaine notoriété et visibilité dans le domaine de la communication corporate : 35 000 visites / mois sur le blog par exemple. Mes contenus sont lus, partagés, je suis contacté et sollicité pour des conférences, par des médias ou pour d’autres actions. En ce sens, je pense avoir réussi à générer un intérêt grâce à mes écrits et mes dires, et du coup, à avoir une certaine influence dans le domaine de la communication corporate.
Pourquoi les relations marques/influenceurs se sont-elles développées ?
C’est dû à une tendance sociétale qui s’est accentuée il y a 5-6 ans avec l’apparition des réseaux sociaux et des premiers influenceurs. Les résultats du baromètre Edelman prouvent que la confiance au bouche à oreille est de plus en plus grande. Les consommateurs se retrouvent dans les conseils de personnes " normales " avec lesquelles elles peuvent s’identifier. Spontanément les personnes se réfèrent à ce qui est proche d’elles et font plus confiance à leurs pairs.
Avant les marques étaient sur un piédestal. Elles développaient des relations avec des " stars ", des célébrités. C’est toujours le cas mais aujourd’hui, ce n’est plus suffisant. Les marques doivent rassurer et écouter leurs clients, aller plus loin dans les relations de confiance avec ces derniers ; le niveau de défiance est plus fort.
Dans votre cas, dans quels cas les marques vous contactent-elles ?
Beaucoup d’agences me contactent pour la publication de billets, de posts de blog. C’est un moyen pour elles de se faire connaître auprès d’un public spécialisé dans la communication, le digital, ou du moins intéressé par ces sujets.
Si les sujets qui me sont proposés sont cohérents avec mes territoires éditoriaux, que le contenu est pertinent, bien rédigé et pas excessivement publicitaire, je réponds favorablement à ces demandes.
Quelles différences entre un influenceur et une égérie ?
L’égérie prête son image, comme par exemple George Clooney qui incarne la classe, le gentleman, le haut niveau, le luxe, la sympathie. La marque veut bénéficier de cette image, être perçue de la même manière que son égérie. Avec les influenceurs ce ne sont pas tant les attributs qui comptent ; on est plus dans le registre des idées, il faut qu’il y ait une convergence de pensées entre une marque et un influenceur. Dans ce cas, les marques s’imprègnent des opinions et pensées des influenceurs.
Dans le cas de la Xbox par exemple, il y a d’abord une relation avec Zlatan Ibrahimovic, en tant qu’égérie, mais la marque développe également des relations avec des gamers, à même de véhiculer des messages sur la Xbox et de donner plus de visibilité à la marque.
Et entre un journaliste et un influenceur ?
Pour moi ils ne sont pas opposés mais complémentaires :
- L’influenceur est expert de son domaine. Il va proposer des développements plus pointus sur une idée, un sujet en lien avec ses convictions et son expérience.
- Le journaliste a comme rôle (en principe) de repérer sur un sujet donné les personnes qui font autorité, mettre en perspective leurs opinions, vérifier, recadrer, rendre intelligible etc. Il y a un vrai travail d’investigation qu’on ne retrouve pas forcément chez les influenceurs.
Quelles sont vos prévisions sur les relations marques/influenceurs en 2014 ?
Je pense que les sollicitations des marques vont augmenter ; le poids des communautés compte de plus en plus. Attention cependant à la manière d’y aller : les marques doivent essayer de s’affranchir des rapports très marchands et accepter le fait que les gens ne parlent pas toujours d’elles de la manière souhaitée. On peut chercher à corriger d’éventuels malentendus mais en aucun cas il ne faut chercher à contrôler les messages.
Merci à Olivier pour cette interview. Pour accéder à l'étude complète, cliquez ICI.