Cette semaine, les citoyens européens sont appelés aux urnes. Alors qu’une enquête de l’institut Ipsos-MORI révèle que 6 Européens sur 10 déclarent ne pas s’intéresser à ces élections, les candidats aux élections européennes investissent les réseaux sociaux pour engager les électeurs. Chez Augure, nous nous sommes intéressés à la présence et l’influence digitale des candidats aux plus hauts postes des institutions européennes sur le mois passé (du 16 avril au 16 mai 2014), sur les réseaux sociaux, les blogs et les médias en ligne. Voici les principaux enseignements :
- Parmi les 6 candidats à la présidence de la Commission Européene, Martin Schulz, actuel Président du Parlement est le candidat le plus influent sur Internet.
- Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (PPE) et le Belge Guy Verhofstadt (candidat des Libéraux) occupent respectivement la deuxième et troisième place du podium.
- 91% des 32 candidats aux postes des hautes institutions européenes utilisent les réseaux sociaux dans le cadre de leur campagne. Twitter et Facebook sont les deux plateformes qui connaissent le plus de succès (72% des candidats y sont présents et actifs)
- Si le hashtag des élections, #EP2014, a généré plus de 370.000 tweets le mois dernier, nous sommes loin des plus de 5 millions de tweets générés en moins de 24h avec l’Eurovision !
Index
Sommaire :
- Martin Schulz, Jean-Claude Juncker et Guy Verhofstadt en tête du classement
- Mobilisation des candidats sur les réseaux sociaux malgré le peu d’enthousiasme pour la campagne
- Twitter, véritable indicateur de suivi de la campagne
- Quelles comparaisons avec les leaders américains ?
- Infographie
Martin Schulz, Jean-Claude Juncker et Guy Verhofstadt dans le trio de tête de l’influence digitale
L’influence digital ne se limite pas à un nombre élevé de followers ou fans sur les réseaux sociaux, mais implique la prise en compte de différents critères qui sont :
- L’exposition : la communauté que la personne touche à travers ses différents messages et publications,
- La part de voix : le niveau de participation de la personne autour d’un sujet donné dans les médias en ligne et les réseaux sociaux,
- L’écho : la capacité de cette personne à faire bouger les opinions et susciter des réactions, toujours autour d’un sujet donné.
A partir de ces trois critères et avec notre outil Launchmetrics Influencers, nous avons établi un classement de l’influence digitale des six candidats à la présidence de la Commission.
En tête de classement, nous retrouvons Martin Schulz, candidat socialiste à la Présidence de la Commission Européenne et actuel Président du Parlement Européen. Il est suivi par Jean-Claude Juncker, Premier Ministre Luxembourgeois et candidat pour le parti PPE (Parti Populaire Européen) et sur la troisième place du podium, nous retrouvons Guy Verhofstadt, le candidat belge qui représente les libéraux. Ce dernier a su utiliser les réseaux sociaux pour combler son retard médiatique face à Martin Schulz et Jean-Claude Juncker.
La suite du classement est constituée de José Bové, candidat Europe Ecologie Les Verts, le grec Alexis Tsipras et enfin la co-candidate à ce poste avec José Bové, l’allemande Ska Keller (la seule femme et la plus jeune candidate). Ces candidats, malgré un bon investissement des réseaux sociaux, n’ont pas réussi à combler leur retard médiatique face aux trois candidats précédents : 9654 retombées médiatiques pour Martin Schulz sur la période étudiée contre 620 pour José Bové.
Mobilisation des candidats sur les réseaux sociaux
Si les politiques sont souvent critiqués pour leur manque d’activité et d’engagement sur les réseaux sociaux, les 32 candidats aux plus hauts postes des institutions européenes font eux figure de bon élève : 91% des candidats utilisent les réseaux sociaux de manière active (soit seuls 9% d’absents).
Sans surprise, les réseaux qui sont les plus utilisés par les candidats sont Twitter et Facebook : 72% des candidats les utilisent dans le cadre de la campagne.
Les moins utilisés sont Google+, LinkedIn, avec seulement 16% des candidats présents et actifs sur ces plateformes, et enfin Youtube, avec seulement 13% présents et actifs.
Les 3 grands absents des réseaux sociaux sont : Helle Thorning-Schmidt, Pascal Lamy et Luis de Guindos
Twitter, véritable indicateur de suivi de la campagne
Le hashtag le plus utilisé dans le cadre de la campagne est #EP2014. Au fur et à mesure que les élections approchent, nous pouvons constater une augmentation de l’activité autour du hashtag, avec certains pics comme lors du débat du 8 mai dernier entre Jean-Claude Juncker et Martin Schulz. Le hashtag #EPDEBATE2014 semble être moins utilisé avec un seul pic lors du débat du 28 avril dernier entre les 3 premiers candidats de notre classement et l’allemande Ska Keller.
Si les candidats analysés ont bien investi les réseaux sociaux, les bonnes pratiques ne sont pas toujours appliquées. En effet, l’utilisation du hashtag ne semble pas généralisée parmi les candidats à la présidence de la Commission Européenne : seul Guy Verhofstadt se détache avec plus de 130 tweets sur la période étudiée qui incluent ce hashtag. Le second, Martin Schulz n’a tweeté que 63 fois en utilisant ce hashtag.
- Guy Verhofstadt : 136 tweets mentionnant #ep2014
- Martin Schulz : 94 tweets mentionnant #ep2014
- Alexis Tsipras : 73 tweets mentionnant #ep2014
L’activité associée à ce hashtag montre que les élections ne déchainent pas les passions sur les réseaux sociaux. A titre de comparaison, l’événement européen l’Eurovision a généré plus de 5 millions de tweets lors de la victoire de Conchita, alors que nous recensons 370.000 tweets pour les élections européennes.
The final count is in: 5.3M+ Tweets sent around the #Eurovision final. Peak TPM for @ConchitaWurst's victory. pic.twitter.com/O3s9nuNLfR
— Twitter UK (@TwitterUK) May 11, 2014
Quelles comparaisons avec les leaders américains ?
Les leaders européens, bien que présents dans les médias en ligne, les blogs et réseaux sociaux, restent loin derrière leurs confrères américains, les " rois du marketing politique ". C’est ce que nous constatons si nous analysons l’impact de l’actuel président des Etats-Unis, Barack Obama, lors de sa dernière campagne électorale :
- Si le premier candidat de notre classement, Martin Schulz, a des profils actifs sur Twitter, Facebook et LinkedIn, Barack Obama est également présent sur Google+ et Youtube.
- Le constat est également vrai en ce qui concerne les mentions et les retweet sur Twitter : près de 600.000 mentions par mois et plus de 185.000 retweets pour Barack Obama contre 60.000 mentions et 12.000 retweets pour Martin Schulz.
- Dans les médias en ligne et les blogs, la différence est encore plus marquée, puisque Barack Obama a obtenu plus de 158.000 publications en relation avec sa candidature le mois précédent les élections du 6 novembre 2012 et entre le 16 avril et le 16 mai 2014, Martin Schulz n’a quant à lui généré " que " 9.000 retombées.